La vérité sur les frais de garde au Québec

4 mai 2012

Il se passe rarement une semaine sans que je n’entende parler d’une quelconque façon du système de garderie au Québec et de ses frais afférents. Or, je pense qu’il y a lieu de remettre les pendules à l’heure en ce qui a trait au coût réel des frais de garde.

Comme je l’ai indiqué dans une chronique antérieure, le Québec est reconnu comme étant le « paradis des familles » et possède de généreux programmes en matière d’aide aux familles. Avant de parler « chiffres », revoyons comment est structuré le système de garderie au Québec.

Il existe deux types de garderies : les garderies subventionnées et les garderies qui ne le sont pas. Or, dans chacun de ces types, différents modèles cohabitent.

Parmi les garderies subventionnées, soit, celles qui chargent 7 $ par jour, il y a les fameux CPE – les centres de la petite enfance – ils sont administrés par des organismes à but non lucratif. Ils offrent des services en installation (hors du milieu familial) et sont aussi souvent responsables, à titre de bureaux coordonnateurs, de gérer la garde en milieu familial. À ces deux types de places, s’ajoutent celles qui sont gérées par les garderies privées en installation, semblables aux CPE mais à but lucratif. Dans tous ces cas, les parents paient 7 $ par jour et le service de garde reçoit une subvention de l’État pour chaque place.

Les garderies non-subventionnées chargent le montant qu’elles veulent. On entend souvent des exemples de garderies à 25 $ par jour. Ces garderies ne reçoivent aucune subvention de l’État. Ce type inclut notamment des garderies en installation, des garderies en milieu familial et des gardiennes qui viennent à domicile.

Or, les frais de garde, qu’ils soient à 7 $ ou non, sont déductibles du revenu au niveau fédéral, comme une cotisation à un REER. Au Québec, les choses sont différentes. Les frais de gardes, autres que ceux à 7 $, donnent droit à un crédit d’impôt remboursable (même lorsqu’on n’a aucun impôt à payer, on peut avoir un remboursement de l’État). Le montant de ce crédit varie en fonction du revenu familial.

Les familles à faible revenu se voient ainsi rembourser les trois quarts de leurs frais de garde par le gouvernement du Québec. Pour les familles à revenu élevé, le taux est de 26 %. Lorsqu’on veut prendre en compte la déduction fédérale et ses effets sur les prestations pour les enfants, on est en droit de se demander lequel des types de garderies coûte le moins cher.

À prime abord, on est porté à croire que les garderies à 7 $ grugent moins le budget familial que les autres. Attention! C’est vrai pour les familles dont le revenu est de plus de 130 000 $ si l’on compare avec une garderie à 25 $ par jour. L’exemple d’une famille biparentale avec deux enfants nous montre que pour un revenu familial – gagné pour moitié par chacun des parents – se situant entre 60 000 $ et 130 000 $, il n’y a que quels cents de différences par jour, tantôt en faveur de l’un et tantôt en faveur de l’autre. Le coût net est d’un peu moins de 3 $ par jour par enfant dans cette tranche de revenus.

Pour les familles gagnant moins de 60 000 $, il est plus avantageux de faire garder ses enfants à 25 $ par jour! Cela est tellement avantageux que le coût devient négatif (on est payé pour faire garder ses enfants…) pour les familles avec moins de 45 000 $ de revenu!

Le graphique suivant vous montre le détail de cet exemple avec les chiffres de 2012.

Il faut cependant faire attention au fait que ces exemples illustrent notamment l’impact des prestations pour les enfants. Or, ces prestations sont ajustées avec une année de décalage.

Avec un tel constat, on se rend compte qu’il est souvent inutile de courir après les garderies à 7 $... Problèmes de liquidité à payer 25 $ par jour ? Demandez le remboursement anticipé du crédit. Vous n’aurez ainsi pas à financer tous ces montants pour l’année.

Pour les sceptiques, consultez le site du Ministère de Finances du Québec et vous constaterez de vous-même…